La liquidation d’EURL : Guide complet pour une annonce légale conforme

La procédure de liquidation d’une Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL) représente une étape juridique fondamentale dans la cessation définitive d’activité. Cette démarche, strictement encadrée par le droit des sociétés français, nécessite la publication d’une annonce légale spécifique. Ce document officiel marque le début du processus de dissolution et informe les tiers de la situation nouvelle de l’entreprise. Face aux multiples obligations légales et aux conséquences significatives d’une procédure mal conduite, les associés uniques doivent maîtriser chaque aspect de cette publication. Ce guide détaille méthodiquement les exigences formelles, le contenu obligatoire et les étapes chronologiques pour réaliser une annonce légale de liquidation d’EURL conforme aux dispositions en vigueur.

Fondements juridiques et cadre légal de la liquidation d’une EURL

La liquidation d’une EURL s’inscrit dans un cadre juridique précis, défini principalement par le Code de commerce et le Code civil. Cette procédure intervient généralement après la dissolution de la société, qu’elle soit volontaire ou forcée. La dissolution constitue l’acte juridique qui met fin à la personnalité morale de l’entreprise, tandis que la liquidation représente l’ensemble des opérations permettant de réaliser les actifs, de payer les créanciers et de répartir le boni de liquidation éventuel.

L’article L.237-2 du Code de commerce stipule que la société en liquidation conserve sa personnalité morale pour les besoins de cette procédure. Cette continuité juridique encadrée permet d’accomplir toutes les opérations nécessaires jusqu’à la clôture définitive. Durant cette période transitoire, l’EURL continue d’exister légalement, mais uniquement pour les besoins spécifiques de sa liquidation.

Motifs légitimes de liquidation

Plusieurs motifs peuvent justifier la liquidation d’une EURL :

  • L’arrivée du terme prévu dans les statuts
  • La réalisation ou l’extinction de l’objet social
  • La décision volontaire de l’associé unique
  • L’annulation du contrat de société
  • La dissolution judiciaire prononcée par un tribunal

Ces causes de dissolution sont prévues aux articles 1844-7 du Code civil et L.237-14 du Code de commerce. Pour l’EURL spécifiquement, la décision de l’associé unique constitue le cas le plus fréquent, notamment lors d’un départ à la retraite, d’une cessation d’activité ou d’une restructuration patrimoniale.

Le régime juridique applicable à la liquidation d’une EURL diffère légèrement des autres formes sociales en raison de sa structure unipersonnelle. L’associé unique détient l’intégralité des pouvoirs décisionnels, ce qui simplifie certaines étapes procédurales, mais n’exonère pas des formalités légales obligatoires, dont la publication d’une annonce légale.

La jurisprudence a régulièrement rappelé l’importance du respect scrupuleux des formalités de publicité. L’arrêt de la Cour de cassation du 12 février 2008 (Chambre commerciale, n°06-21.998) souligne que l’absence de publicité légale appropriée peut engager la responsabilité personnelle de l’associé unique et du liquidateur vis-à-vis des tiers non informés de la procédure en cours.

La loi Pacte du 22 mai 2019 a modifié certains aspects des procédures de liquidation, notamment en simplifiant les démarches pour les petites structures. Ces évolutions législatives ont néanmoins maintenu l’obligation fondamentale de publication d’une annonce légale, confirmant son caractère d’ordre public dans le processus de liquidation.

Préparation et contenu obligatoire de l’annonce légale de liquidation

La rédaction d’une annonce légale de liquidation d’EURL répond à des exigences formelles strictes. Ce document doit contenir des informations précises et exhaustives pour satisfaire aux obligations légales et informer adéquatement les tiers. Une préparation minutieuse s’avère indispensable avant toute publication.

Informations d’identification obligatoires

L’annonce légale doit impérativement mentionner :

  • La dénomination sociale complète de l’EURL
  • La forme juridique (mention explicite « Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée »)
  • Le montant du capital social
  • L’adresse exacte du siège social
  • Le numéro unique d’identification (SIREN)
  • Le Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) d’immatriculation

Ces éléments permettent d’identifier sans ambiguïté la société concernée. Toute omission ou erreur substantielle peut entraîner la nullité de l’annonce, obligeant à une nouvelle publication et retardant l’ensemble de la procédure.

Pour la désignation du liquidateur, l’annonce doit préciser ses nom, prénom, adresse personnelle ou professionnelle. Si une personne morale est désignée comme liquidateur, sa dénomination sociale, sa forme juridique, son siège social et son représentant légal doivent figurer dans l’annonce.

Mentions relatives à la procédure

L’annonce doit explicitement mentionner :

La date de la décision de dissolution (généralement issue d’un procès-verbal de décision de l’associé unique). Cette date marque le début officiel du processus de liquidation et constitue un point de référence pour le calcul des délais légaux ultérieurs.

La cause de la dissolution doit être indiquée conformément à l’article R.237-2 du Code de commerce. Qu’il s’agisse d’une dissolution anticipée volontaire, de l’arrivée du terme statutaire ou d’une autre cause légale, cette précision informe les tiers sur le contexte de la liquidation.

L’annonce doit mentionner explicitement que la société entre en liquidation. La formulation standard « mise en liquidation » ou « société en liquidation » doit apparaître clairement dans le corps de l’annonce.

Le lieu où la correspondance doit être adressée et où les actes et documents concernant la liquidation doivent être notifiés constitue une mention obligatoire. Ce lieu peut être différent du siège social si le liquidateur exerce ses fonctions à une autre adresse.

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Formulations types et exemples

La rédaction de l’annonce suit généralement un formalisme précis. Voici un modèle type :

« Par décision du [date], l’associé unique de la société [dénomination sociale], EURL au capital de [montant] euros, immatriculée au RCS de [ville] sous le numéro [SIREN], dont le siège social est situé [adresse complète], a décidé la dissolution anticipée de la société à compter du [date] et sa mise en liquidation. M./Mme [Nom et prénom] demeurant [adresse] a été nommé(e) liquidateur. Le siège de la liquidation est fixé à [adresse]. C’est à cette adresse que la correspondance devra être envoyée et que les actes et documents concernant la liquidation devront être notifiés. »

Les erreurs fréquentes à éviter comprennent l’omission du montant du capital, l’absence de précision sur le lieu de correspondance, ou une formulation ambiguë concernant la date effective de dissolution. Une vigilance particulière s’impose quant à l’orthographe des noms propres et à l’exactitude des numéros d’identification.

La jurisprudence sanctionne régulièrement les annonces incomplètes. Dans un arrêt du 15 mars 2017, la Cour d’appel de Paris a considéré qu’une annonce omettant la cause de dissolution ne remplissait pas les conditions légales de publicité, exposant le liquidateur à des poursuites personnelles.

Procédure de publication et choix du support médiatique

La publication d’une annonce légale de liquidation d’EURL obéit à des règles précises concernant les supports autorisés et les délais à respecter. Ces formalités ne constituent pas de simples démarches administratives mais des obligations légales dont le non-respect peut entraîner des conséquences juridiques significatives.

Supports habilités pour la publication

La publication doit impérativement s’effectuer dans un journal d’annonces légales (JAL) habilité. Conformément à l’article 1 de la loi n°55-4 du 4 janvier 1955, chaque préfecture de département publie annuellement la liste des journaux habilités à recevoir les annonces légales. Ces supports se répartissent généralement en deux catégories :

  • Les journaux quotidiens ou hebdomadaires d’information générale, économique ou juridique
  • Les publications spécialisées dans les annonces légales

Le choix du support doit répondre à un critère territorial : le JAL doit être habilité dans le département où se situe le siège social de l’EURL. Cette règle de compétence territoriale est strictement appliquée par la jurisprudence, comme l’a rappelé la Cour de cassation dans un arrêt du 7 novembre 2012 (Chambre commerciale, n°11-24.943).

Depuis 2022, la possibilité de publier des annonces légales sur des plateformes en ligne habilitées a été élargie. Ces plateformes, comme Actulegales.fr ou Actu-Juridique.fr, doivent figurer sur la liste préfectorale et respecter les mêmes contraintes légales que les supports papier traditionnels.

Délais et chronologie de publication

L’annonce légale de liquidation doit être publiée dans un délai d’un mois suivant la décision de dissolution, conformément à l’article R.237-2 du Code de commerce. Ce délai court à compter de la date du procès-verbal de décision de l’associé unique ou, dans certains cas, de la décision judiciaire prononçant la dissolution.

La chronologie précise des formalités s’articule comme suit :

1. Prise de décision de dissolution et rédaction du procès-verbal

2. Préparation du texte de l’annonce légale

3. Transmission de l’annonce au journal habilité

4. Publication effective de l’annonce

5. Obtention de l’attestation de parution

6. Dépôt du dossier complet au Registre du Commerce et des Sociétés

L’attestation de parution fournie par le journal constitue une preuve indispensable pour les formalités ultérieures. Ce document certifie la date effective de publication et permet de justifier du respect des délais légaux auprès du greffe du tribunal de commerce.

Coûts et optimisation budgétaire

Les tarifs des annonces légales sont réglementés par arrêté ministériel, qui fixe un prix au caractère ou à la ligne selon les départements. Pour une annonce de liquidation d’EURL, le coût moyen se situe généralement entre 150 et 250 euros, variant selon la longueur du texte et le support choisi.

Plusieurs stratégies légitimes permettent d’optimiser ce coût :

  • Comparer les tarifs des différents journaux habilités dans le département
  • Rédiger une annonce concise tout en respectant les mentions obligatoires
  • Privilégier, lorsque c’est possible, les plateformes en ligne qui pratiquent parfois des tarifs plus avantageux

Il convient toutefois de rester vigilant face aux offres anormalement basses. Certains prestataires proposent des services à prix réduits mais ne respectent pas toujours les exigences légales, ce qui peut exposer l’EURL et son associé unique à des risques juridiques.

La Direction de l’information légale et administrative (DILA) propose un service de vérification permettant de s’assurer de l’habilitation effective d’un support. Cette précaution préalable évite les déconvenues ultérieures, notamment lors du dépôt du dossier au greffe.

En pratique, de nombreux professionnels (avocats, experts-comptables, notaires) proposent des services d’accompagnement incluant la rédaction et la publication de l’annonce légale. Bien que représentant un coût supplémentaire, ces prestations garantissent généralement la conformité de la démarche aux exigences légales.

Conséquences juridiques et effets de l’annonce légale

La publication d’une annonce légale de liquidation d’EURL produit des effets juridiques considérables, tant pour la société elle-même que pour les tiers. Cette formalité publicitaire marque une étape déterminante dans le processus de cessation d’activité et modifie substantiellement la situation juridique de l’entreprise.

Opposabilité aux tiers et protection des créanciers

L’effet principal de l’annonce légale réside dans son opposabilité aux tiers. Conformément à l’article L.237-3 du Code de commerce, la dissolution de la société n’est opposable aux tiers qu’à compter de sa publication au Registre du Commerce et des Sociétés, elle-même conditionnée par la publication préalable de l’annonce légale.

Cette publicité remplit une fonction essentielle de protection des créanciers et partenaires commerciaux. Elle les informe officiellement du changement de statut juridique de l’EURL et les alerte sur la nécessité éventuelle de faire valoir leurs droits. La Cour de cassation, dans un arrêt du 3 octobre 2006 (Chambre commerciale, n°05-13.252), a confirmé que l’absence de publication régulière d’une annonce de liquidation rendait la procédure inopposable aux créanciers, qui pouvaient continuer à poursuivre la société comme si elle existait encore normalement.

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Pour les créanciers spécifiquement, l’annonce déclenche plusieurs mécanismes de protection :

  • Le droit d’opposition aux opérations de liquidation (art. L.237-2 du Code de commerce)
  • La possibilité de déclarer leurs créances auprès du liquidateur
  • Le maintien de leurs droits d’action contre la société en liquidation

La jurisprudence a régulièrement rappelé que l’annonce légale constitue le point de départ du délai d’opposition des créanciers. Dans un arrêt du 17 janvier 2018, la Cour d’appel de Lyon a considéré qu’un créancier non informé par une publicité régulière conservait l’intégralité de ses droits, y compris celui d’agir contre l’associé unique personnellement.

Modification du statut juridique de l’EURL

L’annonce de liquidation modifie profondément le statut juridique de l’EURL sans toutefois entraîner sa disparition immédiate. La société entre dans une phase transitoire caractérisée par plusieurs changements significatifs :

La raison sociale doit désormais être suivie de la mention « société en liquidation » sur tous les documents officiels, factures, correspondances et actes juridiques. Cette obligation, prévue à l’article R.237-3 du Code de commerce, vise à informer clairement les tiers de la situation particulière de l’entreprise.

Les pouvoirs des dirigeants prennent fin au profit du liquidateur désigné dans l’annonce légale. Ce transfert d’autorité, automatique dès la publication, confère au liquidateur la responsabilité exclusive de représenter la société et d’accomplir les actes nécessaires à la liquidation.

L’objet social se trouve restreint aux seules opérations de liquidation. Comme l’a précisé la Cour de cassation dans un arrêt du 9 mai 1995, la société ne peut plus accomplir d’actes nouveaux sans lien avec sa liquidation, sous peine de nullité et d’engagement de la responsabilité personnelle du liquidateur.

Responsabilités induites par la publication

La publication de l’annonce légale génère des responsabilités spécifiques pour les acteurs de la liquidation :

Pour le liquidateur, la publication marque le début officiel de sa mission et de sa responsabilité. Il devient responsable des dommages causés par ses fautes dans l’exercice de ses fonctions, conformément à l’article L.237-12 du Code de commerce. La jurisprudence considère que l’absence de publicité adéquate peut constituer une faute engageant sa responsabilité personnelle.

L’associé unique voit également sa situation juridique modifiée. Dans un arrêt du 26 mars 2008, la Cour de cassation a rappelé que l’associé unique d’une EURL en liquidation conserve sa protection patrimoniale tant que les formalités légales, dont la publication de l’annonce, ont été correctement accomplies. À l’inverse, des irrégularités dans la publicité peuvent justifier une action en responsabilité personnelle contre lui.

Les tiers contractants doivent désormais prendre en compte le statut particulier de l’entreprise. Les contrats conclus avec une EURL en liquidation ne sont valables que s’ils s’inscrivent dans le cadre des opérations de liquidation. La Cour de cassation a confirmé, dans un arrêt du 11 octobre 2005, que les tiers ne peuvent ignorer l’état de liquidation d’une société régulièrement publié.

En pratique, la publication de l’annonce légale constitue une protection pour tous les acteurs concernés, à condition qu’elle respecte scrupuleusement les exigences formelles. Une annonce incomplète ou publiée hors délai peut être source de contentieux et fragiliser l’ensemble de la procédure de liquidation.

Étapes subséquentes et finalisation de la procédure après l’annonce

La publication de l’annonce légale ne constitue que le commencement du processus de liquidation d’une EURL. Cette étape initiale doit être suivie d’une série de démarches précises, chronologiquement organisées, pour mener à bien la cessation définitive de l’entreprise. Ces procédures ultérieures requièrent une attention particulière et une rigueur administrative soutenue.

Formalités auprès du Registre du Commerce et des Sociétés

Dans les trente jours suivant la publication de l’annonce légale, un dossier complet doit être déposé au greffe du tribunal de commerce compétent pour modification de l’immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés. Ce dossier doit contenir :

  • Le formulaire M2 dûment complété
  • Un exemplaire original du procès-verbal de dissolution
  • L’attestation de parution de l’annonce légale
  • Un exemplaire des statuts mis à jour avec la mention de liquidation
  • Un justificatif de paiement des frais de greffe

Le greffier procède alors à la modification de l’inscription, ajoutant la mention « en liquidation » à la dénomination sociale dans le registre. Cette modification génère un extrait Kbis actualisé reflétant la nouvelle situation juridique de l’EURL.

La jurisprudence considère que l’inscription modificative au RCS constitue le point de départ de l’opposabilité aux tiers de la liquidation. Dans un arrêt du 15 juillet 2010, la Cour de cassation a précisé que seule cette inscription, et non la simple publication de l’annonce légale, rendait la dissolution opposable aux tiers.

Réalisation des opérations de liquidation

Une fois l’annonce publiée et l’inscription modifiée, le liquidateur peut entreprendre les opérations matérielles de liquidation. Ces opérations comprennent :

L’inventaire complet de l’actif et du passif de l’EURL. Cet inventaire, bien que non obligatoire pour les petites structures depuis la loi Pacte, demeure fortement recommandé. Il permet d’établir une situation claire du patrimoine social et facilite les opérations ultérieures.

La réalisation des actifs constitue l’étape suivante. Le liquidateur procède à la vente des biens corporels et incorporels appartenant à la société. Pour les cessions significatives, notamment d’immeubles ou de fonds de commerce, une seconde annonce légale spécifique peut s’avérer nécessaire.

Le règlement du passif représente une priorité absolue. Les créanciers doivent être payés selon l’ordre légal de préférence, les créanciers privilégiés primant sur les chirographaires. Le non-respect de cet ordre peut engager la responsabilité personnelle du liquidateur, comme l’a rappelé la Cour de cassation dans un arrêt du 23 mai 2006.

La répartition du boni de liquidation éventuel (actif net subsistant après paiement des dettes) s’effectue au profit de l’associé unique. Cette répartition fait l’objet d’une fiscalité spécifique, notamment en matière d’impôt sur le revenu et de contributions sociales.

Durant toute cette phase, le liquidateur doit tenir une comptabilité régulière des opérations et conserver tous les justificatifs. Ces documents pourront être exigés en cas de contrôle fiscal ultérieur ou de contentieux avec des tiers.

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Clôture de liquidation et publicité finale

La clôture de la liquidation intervient lorsque toutes les opérations ont été accomplies. Cette étape finale nécessite :

La rédaction d’un procès-verbal de clôture par l’associé unique, constatant la fin des opérations et approuvant les comptes définitifs de liquidation. Ce document doit mentionner explicitement le sort du boni ou du mali de liquidation.

La publication d’une seconde annonce légale spécifique à la clôture de liquidation. Cette annonce, distincte de la première, doit contenir les mentions obligatoires prévues à l’article R.237-7 du Code de commerce, notamment la date et le lieu de la décision de clôture.

Le dépôt d’un dossier complet au greffe du tribunal de commerce pour radiation définitive. Ce dossier inclut le procès-verbal de clôture, l’attestation de parution de la seconde annonce légale, les comptes définitifs de liquidation et le formulaire de radiation.

La radiation au RCS marque la disparition juridique définitive de l’EURL. Elle entraîne la perte de la personnalité morale et rend impossible toute action future au nom de la société.

Pour les documents sociaux (registres, comptes, contrats), l’article L.123-22 du Code de commerce impose une obligation de conservation pendant dix ans. Cette responsabilité incombe généralement à l’ancien associé unique ou au liquidateur, selon les dispositions prévues dans le procès-verbal de clôture.

Les délais à respecter entre les différentes étapes varient selon la complexité de la situation. Pour une EURL sans activité et sans passif significatif, la procédure complète peut être achevée en trois à six mois. En revanche, pour des structures plus complexes, le processus peut s’étendre sur plusieurs années, notamment en cas de contentieux ou d’actifs difficiles à réaliser.

La jurisprudence admet qu’une liquidation trop longue sans justification peut constituer une faute de gestion du liquidateur. Dans un arrêt du 12 juillet 2016, la Cour d’appel de Paris a considéré qu’un délai de liquidation de plus de cinq ans sans complexité particulière caractérisait une négligence fautive.

Aspects pratiques et recommandations pour une liquidation sans embûches

Au-delà des exigences légales formelles, la réussite d’une procédure de liquidation d’EURL repose sur une approche pragmatique et méthodique. L’expérience des praticiens du droit et les enseignements jurisprudentiels permettent d’identifier des bonnes pratiques susceptibles de faciliter le processus et d’éviter les écueils courants.

Anticipation et préparation préalable

Une planification rigoureuse constitue la clé d’une liquidation sereine. Plusieurs actions préparatoires méritent d’être engagées avant même la décision formelle de dissolution :

L’audit préalable de la situation juridique, comptable et fiscale de l’EURL permet d’identifier les points de vigilance. Cette vérification complète inclut l’examen des contrats en cours, des engagements bancaires, des litiges potentiels et des dettes sociales ou fiscales latentes.

L’apurement progressif des comptes courants d’associés peut s’avérer judicieux. La Cour de cassation a régulièrement rappelé que les remboursements tardifs de comptes courants en période suspecte pouvaient être remis en cause en cas de procédure collective ultérieure.

La préparation d’un calendrier réaliste des opérations, intégrant les délais incompressibles liés aux formalités administratives, constitue un outil de pilotage précieux. Ce planning doit tenir compte des délais légaux mais aussi des contraintes pratiques comme les périodes de publication des journaux d’annonces légales.

  • Inventaire des contrats à résilier (bail, assurances, abonnements)
  • Liste des créanciers à contacter
  • Identification des actifs à céder
  • Planification des déclarations fiscales de cessation

Choix stratégique du liquidateur

La désignation du liquidateur représente une décision stratégique majeure. Plusieurs options s’offrent à l’associé unique :

L’auto-désignation comme liquidateur présente l’avantage de la simplicité et de l’économie de frais. Cette solution convient particulièrement aux structures de petite taille sans passif complexe. Toutefois, elle expose l’associé à une responsabilité directe et nécessite une maîtrise minimale des aspects juridiques et comptables de la liquidation.

Le recours à un professionnel indépendant (avocat, expert-comptable, mandataire judiciaire) offre une sécurité juridique accrue. Ces professionnels maîtrisent les subtilités procédurales et peuvent gérer efficacement les situations délicates, notamment en présence de créanciers récalcitrants ou de contentieux. Leur intervention, bien que représentant un coût supplémentaire, constitue souvent un investissement judicieux pour les structures complexes ou endettées.

La désignation d’un tiers de confiance (collaborateur, conseil habituel de l’entreprise) représente une solution intermédiaire. Cette option permet de bénéficier d’une connaissance préalable de l’entreprise tout en distanciant l’associé unique des opérations techniques de liquidation.

La jurisprudence a précisé les contours de la responsabilité du liquidateur. Dans un arrêt du 31 janvier 2012, la Cour de cassation a rappelé que le liquidateur, même non professionnel, était tenu d’une obligation de moyens renforcée dans l’accomplissement de sa mission.

Gestion des relations avec les partenaires et administrations

La communication avec les parties prenantes constitue un facteur déterminant pour une liquidation apaisée :

L’information précoce et transparente des créanciers, au-delà de l’annonce légale obligatoire, favorise souvent des arrangements amiables. Une circulaire personnalisée expliquant le processus et les garanties offertes peut prévenir des oppositions ou des procédures contentieuses ultérieures.

Les relations avec l’administration fiscale requièrent une attention particulière. La déclaration de cessation d’activité doit être adressée au Service des Impôts des Entreprises dans les 60 jours suivant la publication de l’annonce de liquidation. Cette déclaration déclenche généralement un contrôle fiscal sur pièces, voire une vérification approfondie pour les structures importantes.

Les organismes sociaux (URSSAF, caisses de retraite) doivent également être informés selon des procédures spécifiques. Le certificat de radiation URSSAF constitue souvent un document indispensable pour finaliser la liquidation.

Pour les banques, la clôture des comptes professionnels nécessite des démarches spécifiques, particulièrement en présence de prêts en cours ou de garanties données. Une négociation préalable des conditions de remboursement anticipé peut s’avérer judicieuse.

Préservation des documents et archivage

La gestion documentaire représente un aspect souvent négligé mais juridiquement crucial :

L’archivage légal des documents sociaux, comptables et fiscaux doit être organisé méthodiquement. L’article L.123-22 du Code de commerce impose une conservation décennale, tandis que certains documents relatifs au personnel doivent être conservés jusqu’à 30 ans.

La dématérialisation sécurisée des archives constitue une solution pratique, à condition de respecter les exigences légales en matière d’intégrité et de pérennité des données. Des prestataires spécialisés proposent des solutions d’archivage électronique à valeur probante.

La désignation explicite d’un responsable de la conservation dans le procès-verbal de clôture clarifie les responsabilités futures. À défaut de précision, cette charge incombe tacitement à l’ancien associé unique.

En pratique, la constitution d’un dossier récapitulatif complet de la liquidation, incluant l’ensemble des annonces légales, procès-verbaux, récépissés administratifs et quitus fiscaux, représente une sécurité appréciable. Ce dossier pourra être produit en cas de contestation ultérieure ou de demande administrative.

La Chambre commerciale de la Cour de cassation, dans un arrêt du 8 mars 2011, a confirmé que la disparition des archives sociales pouvait constituer une faute de gestion engageant la responsabilité personnelle du liquidateur ou de l’associé chargé de leur conservation.